« 2020-2030 : quel avenir pour l’oreille des Français ? » Tel est le thème retenu pour la 23ème édition de la Journée Nationale de l’Audition qui s’est tenue, cette année, le 12 mars. L’occasion de faire un point sur la santé auditive des jeunes générations.
Impossible de le nier : les oreilles des jeunes sont de plus en plus sollicitées. Consoles de jeux, téléphones portables, tablettes, lecteurs MP3, concerts, boîtes de nuit, le tout amplifié par les oreillettes et les casques audio… Le bruit est omniprésent dans la vie quotidienne des moins de 35 ans. Mais à partir de quand devient-il délétère ?
« Tout dépend de la durée et du volume d’écoute », indique le Pr Jean-Luc Puel, Directeur de recherche à l’Institut des neurosciences de Montpellier (Hérault) et Président de l’association Journée Nationale de l’Audition (JNA). Ainsi, un temps d’exposition de quarante heures par semaine à 80 décibels (dB) est considéré comme acceptable. À 89 dB, il tombe à cinq heures hebdomadaires et à 100 dB, soit le volume maximal autorisé des casques audios vendus en France, il ne doit pas excéder une heure quarante-cinq. Soit quinze minutes par jour.
PRATIQUEZ UNE ACTIVITÉ SPORTIVE RÉGULIÈRE
La tentation est grande lorsqu’il fait froid, de se pelotonner sous une couverture et de rester au chaud. Pourtant, pratiquer une activité physique régulière renforce le système immunitaire et repousse la fatigue de l’hiver. Marche, footing, vélo, gymnastique douce, nombreux seront les bienfaits de la pratique d’un sport au cœur de l’hiver.
PRENEZ LE TEMPS DE RESPIRER
Respirer ? Nous le faisons en permanence, mais le faisons-nous correctement ?
Parfois trop vite, trop peu, nous ne donnons pas assez d’importance à ce geste qui peut paraître banal. Debout, corps relâché, épaules basses, yeux fermés, respirez largement en trois temps, en gonflant le ventre comme un ballon. Puis, soufflez rapidement sur un temps. Recommencez quatre fois au minimum.
DORMEZ CORRECTEMENT
Veillez à avoir un sommeil de qualité. Adoptez des horaires de lever et de coucher réguliers, dinez léger et écoutez votre corps (bâillements, somnolence…). Pour favoriser la venue du sommeil, prenez une douche ou un bain chaud, bannissez la télévision et tout autre écran de la chambre. Choisissez une activité calme comme la lecture ou écoutez de la musique douce. Bien dormir contribue à votre bien-être général et à votre bonne humeur.
UN CAPITAL AUDITIF LIMITE
L’oreille interne est un organe fragile. Les cellules ciliées qui la tapissent remplissent une mission essentielle : elles transforment les fréquences des sources sonores en signaux nerveux qui sont ensuite transmis au cerveau via le nerf auditif. À la naissance, l’être humain dispose de 15 000 de ces précieuses cellules qui, outre leur fragilité, cumulent un autre handicap : elles ne se renouvellent pas. Confrontées à un bruit intense ou prolongé, elles s’altèrent voire sont détruites. « Il faut bien comprendre que notre capital auditif est limité et qu’on ne peut pas le restaurer. Ce qui est perdu l’est définitivement », explique le Pr Puel.
D’où les nombreuses mises en garde des experts face aux pratiques à risques constatées chez les adolescents et les jeunes adultes. L’enquête JNA-Ifop 2020 révèle que 25 % des moins de 35 ans et surtout 34 % des 15-17 ans écoutent de la musique au casque au minimum deux heures par jour. Toujours selon cette enquête, 29 % des 15-17 ans, 36 % des 18-24 ans et 43 % des 25-34 ans optent pour des volumes élevés. Et près de la moitié des jeunes de 15 à 24 ans et 39 % des 25-34 ans déclarent s’endormir en écoutant du son avec un casque ou des écouteurs, « exposant leurs oreilles à sept ou huit heures de son supplémentaires ».
DES TROUBLES DE L’AUDITION DE PLUS EN PLUS PRECOCES
Outre-Atlantique, la mode est aux smoothies verts ! Une boisson mixée contenant 60 % de fruits (banane, avocat, ananas, pomme, kiwi…) et 40 % de légumes (épinards, cresson, roquette, mâche, feuilles de blettes, fanes de navets et de carottes, persil, coriandre, cerfeuil) avec un tout petit peu de liquide (eau de source, eau de coco ou jus d’aloe vera).Des pratiques qui ne cessent d’inquiéter les professionnels. Car si à court terme, l’exposition prolongée à de fortes fréquences a pour conséquence de la fatigue, des difficultés de concentration et de mémorisation, du stress, de l’anxiété et des troubles du sommeil, elle peut finir par endommager l’appareil auditif. Premiers symptômes : des bourdonnements, chuintements ou sifflements, appelés acouphènes. Près d’un jeune sur deux déclare en avoir déjà ressentis après avoir écouté de la musique. Quant aux étudiants, ils sont 63 % à se plaindre de difficultés pour suivre des conversations dans les lieux bruyants. « Or, quand vous avez des problèmes d’intelligibilité dans le bruit, cela signifie que vous avez déjà des troubles de l’audition », souligne le Pr Puel. Environ 1,1 milliard d’adolescents et de jeunes adultes seraient ainsi menacés de surdité précoce, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.
AMELIORER L’INFORMATION DES JEUNES
Alors que faire ? Si les autorités sanitaires ont pris un certain nombre de mesures, en réduisant notamment en 2018 le volume maximal autorisé dans les salles de concerts de 105 à 102 dB, l’association JNA plaide pour une meilleure information des jeunes et, surtout, pour un dépistage systématique des troubles auditifs tout au long de la vie « comme on le fait pour l’hypertension ou les troubles visuels ».
En attendant, les parents doivent rappeler à leurs enfants les règles de base pour protéger leur audition : limiter le volume sonore, bannir les écoutes prolongées, faire des pauses d’un quart d’heure toutes les quarante-cinq minutes et préférer les casques aux oreillettes qui, n’isolant pas suffisamment des bruits extérieurs, poussent à en augmenter le son. Mais aussi inciter les jeunes à utiliser des bouchons d’oreilles lorsqu’ils assistent à des concerts et leur conseiller d’éviter de se placer trop près des enceintes dans les salles de concerts et les boîtes de nuit.